Les Basses Vallées Angevines (BVA) sont identifiées comme un site historique de halte prénuptiale pour les Barges à queue noire. Elles concernent majoritairement Limosa l. limosa même si des individus islandais ont été observés via des marquages colorés au cours des dix dernières années. A la fin des années 1980, près de 30 000 barges pouvaient ainsi être observées lors des pics de migration sur une même journée. Mais, depuis, cette tendance est à la baisse, et fortement marquée depuis dix ans. Si ce phénomène peut s’expliquer en partie par la baisse des effectifs globaux de Limosa l. limosa, la qualité du milieu est aussi à prendre en compte. La surface de prairies inondées a diminué en BVA, souvent remplacées par des cultures populicoles inadaptées à l’accueil des Barges à queue noire.
En conséquent, le Plan National de Gestion identifie des actions importantes en BVA, notamment l’aide à la reconversion de peupleraies en prairies (fiche-action 3.1), mais aussi un travail de fond sur la surface aménageable en peupleraies (fiche-action 3.2). Dans le même temps, il recommande d’accroître l’effort de suivis des individus prénuptiaux, en les corrélant avec ceux réalisés en Marais poitevin à la même période (fiche-action 7).
Une réflexion a été menée en 2017 sur les zones à prioriser en termes de reconversion, notamment pour la Barge à queue noire. Un des objectifs était d’analyser la répartition des barges en fonction des zones de peupleraies, tout en tenant compte des niveaux d’eau parfois importants au printemps. Pour cela, des suivis ont été organisés tous les trois jours, les lundis et les jeudis, du 26 janvier au 18 avril. Ces suivis étaient synchronisés avec ceux réalisés en Marais poitevin . Le travail de dénombrement a été réparti entre la LPO Anjou (suivis du lundi) et les FRC Pays de loire et FDC49 (suivis du jeudi). Deux équipes et/ou plusieurs individus étaient mobilisés pour couvrir toute la zone, si possible la matinée, et dans un pas de temps le plus court possible afin d’éviter les biais liés aux possibles déplacements des individus entre deux sites. A l’issue de ces dénombrements, la LPO Anjou était en charge de réaliser l’étude sur la répartition des barges.
L’année 2017 a été particulièrement défavorable à la mise en œuvre du protocole, en raison d’une sécheresse printanière précoce. Le niveau pour les effectifs de barges s’en est ressenti (un maximum de 280 oiseaux le 9 mars). La tendance est à la diminution depuis la fin des années 1980, et les effectifs enregistrés en 2017 sont historiquement les plus bas. Néanmoins, ce nombre est à mettre en perspective avec les niveaux d’eau presque nuls.
En raison des effectifs relativement bas de barges en halte prénuptiale, le Râle des genêts[1] a été ajouté à l’analyse de 2017. Malgré une période de fréquentation distincte (début février – début avril pour les barges, avril – juin pour les râles), la surface des prairies et leur modalité de gestion (fauche) apparaissent comme prioritaires. Des zones prioritaires ont été définies à partir des effectifs des deux oiseaux, c’est-à-dire celles les plus fréquentées, et une hiérarchisation des parcelles suivant plusieurs critères (taille de la parcelle, distance de la parcelle par rapport à une zone prioritaire, distance de la parcelle par rapport à deux zones prioritaires) a été faite. Des indices faible/moyen/fort ont été donnés pour chaque critère. Ils ont ainsi permis d’établir les sites potentiellement les plus pertinents pour une reconversion de peupleraie en prairie, soit 396 ha représentant 26 % de la ZPS des Basses Vallées Angevines.
Si l’année 2017 a été plutôt décevante en raison des conditions climatiques, ces suivis, coordonnés pour la première fois avec ceux du Marais poitevin, ont permis d’alimenter un travail d’analyse plus détaillé à l’échelle des deux sites. De plus, cette étude permet d’ores et déjà de prioriser certaines zones à reconvertir, en optimisant les fonds à allouer à ces opérations et en aidant à la prise de décision. Cependant, et afin de conforter ou non cette analyse, les suivis seront renouvelés en 2018, où de meilleures conditions d’accueil sont espérées.
Actions mises en œuvre : 3.1, 3.2 et 7.
Financements : Agence de l’Eau Loire-Bretagne (80,0 %), LPO 49 (20,0 %) / Agence de l’Eau Loire-Bretagne (80,0 %), FDC 49 (20,0 %).
Coût total du projet : 7 330,00 € (LPO Anjou) ; 4 800,00 € (FDC 49).
[1] Cette espèce bénéficie également d’un Plan National d’Actions, animé par la LPO Anjou.