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Barge à queue noire

L’espèce

 Limicole élégant et emblématique des prairies humides, la Barge à queue noire revêt une importance particulière pour les amoureux des marais. Vous trouverez dans cette partie les informations essentielles sur cette espèce.

Identification

Le mâle est plus petit que la femelle, avec un bec légèrement plus court. Son plumage tend vers le brun/roux foncé lors de la reproduction, tandis que les individus hivernants ont une teinte plutôt orientée vers le blanc/gris.

Une distinction phénotypique est possible entre les Barges à queue noire islandaises et continentales. Les premières sont en effet plus petites et d’un plumage plus coloré. Néanmoins, de la même manière que pour les mâles et femelles en général, il peut être hasardeux de tenter de les différencier sans mesures biométriques ou marquages individuels.

Il est plus aisé de distinguer la Barge à queue noire en vol à l’aide de ses barres alaires blanches, notamment pour la différencier de la Barge rousse.

Classe : Aves
Ordre : Charadriiformes
Famille : Scolopacidés
Genre : Limosa
Espèce : Limosa
Sous-espèces : 3
Limosa limosa limosa
Limosa limosa islandica
Limosa limosa melanuroides
Longévité : Connu jusqu’à 29 ans
Période d’activité : Surtout diurne
Statut de conservation IUCN : Vulnérable

Répartition

La Barge à queue noire compte trois sous-espèces :
L. l. islandica, qui se reproduit notamment en Islande, dans les îles Féroé et au Shetland. Elle hiverne principalement en Irlande, en Grande-Bretagne, en France, en Espagne et au Portugal.
L. l. limosa, qui se reproduit des Iles Britanniques jusqu’à l’ouest de la Sibérie. Elle hiverne principalement en Afrique subsaharienne et plus occasionnellement dans le sud de l’Europe. Les oiseaux les plus orientaux hivernent au sud de la Caspienne, dans le Golfe persique et l’ouest de l’Inde.
L. l. melanuroides, qui se reproduit du centre de la Sibérie jusqu’à l’Anadyr, à l’est de la Mongolie et au nord-est de la Chine. Elle hiverne principalement en Inde, en Indochine, en Taïwan, aux Philippines, en Indonésie, en Nouvelle-Guinée et en Australie.

Deux des trois sous-espèces de la Barge à queue noire fréquentent le territoire Français :
L. l. islandica, dite islandaise,
L. l. limosa, dite continentale.

Elles exploitent un nombre important de sites en haltes migratoires, dont l’entité la plus attractive pour la migration prénuptiale est certainement la partie vendéenne du Marais poitevin, en particulier la Vallée du Lay.

Concernant ses effectifs nicheurs, la France accueillait en 2015 entre 146 et 171 couples, dont la grande majorité se situait dans la partie vendéenne du Marais breton (95-105 couples), et dans une moindre mesure en Marais poitevin (22-26) et en Brière (13-17).

L’hivernage de l’espèce concerne quant à lui Limosa l. islandica pour sa quasi-totalité. Près d’un tiers de ses effectifs sont ainsi accueillis sur le littoral français, le premier site restant le complexe de la Baie de l’Aiguillon et de la Pointe d’Arçay.

Habitat

L. l. limosa

Sites d’hivernage
L. l. limosa affectionne les milieux d’eau douce ou avec une faible teneur en sel (saumâtre). On la retrouve ainsi dans les rizières (sur les sites africains ou ibériques), sur des zones d’inondations, des plans d’eau, des marais avec peu de végétation ou encore des prairies humides.

Sites de reproduction
L. l. limosa a une préférence pour les prairies humides pâturées extensivement ou fauchées, ou plus rarement les bordures d’étang enherbées. Elle utilise, autant pour sa reproduction que pour ses haltes migratoires, des sites dont la gestion est organisée autour du maintien et de la conservation des zones humides (exploitation agricole extensive, notamment par le pâturage, conservation de l’eau…).

L. l. islandica

Sites d’hivernage
L. l. islandica privilégie les milieux littoraux et notamment les vasières découvertes par la mer. Elle utilise également les rizières de la Péninsule Ibérique et de plus en plus couramment des marais arrière-littoraux. En France, elle utilise notamment des sites littoraux disposant d’un statut de protection (réserves naturelles ou réserves de chasse maritime).

Sites de reproduction
L. l. islandica a tendance à fréquenter les bas-marais à Carex, les landes marécageuses, les prairies humides et les bordures herbeuses des lacs. Sa niche écologique s’est cependant récemment étendue et elle n’hésite plus à utiliser des milieux plus variés comme les prairies artificielles, les landes ou les cours d’eau…

Alimentation

Pour s’alimenter, la Barge à queue noire sonde, grâce à son long bec, le sol humide ou les terrains vaseux tout en marchant. Elle chasse également à vue les insectes disponibles à la surface du sol. Elle n’hésite pas à aller dans les eaux peu profondes, et à un rythme journalier aussi bien le jour que la nuit.

Pendant la période de reproduction, la Barge à queue noire se nourrit d’invertébrés (lombrics, vers…) mais aussi de mollusques, de petits crustacés ou encore d’arachnidés.

En hiver, bien qu’elle ait une préférence pour les invertébrés et mollusques, elle se nourrit également de divers végétaux comme les racines de Zosteranoltii. Sur les sites d’hivernage, notamment en Afrique subsaharienne, L. l. limosa hiverne à proximité des rizières et se mue en forte consommatrice de riz. Tandis qu’en Europe, L. l. islandica hiverne dans les vasières littorales et se nourrit principalement de vers, de mollusques et de crustacés en tout genre. Cependant, certaines d’entre elles exploitent également les rizières de la péninsule ibérique.

Reproduction

En période de reproduction, la Barge à queue noire reste à distance des milieux boisés ou urbanisés , d’autant plus si ces éléments sont éclairés de nuit. Elle privilégie les zones humides pour se reproduire, le couvert végétal permettant d’y installer son nid tandis que le substrat permet à ses poussins de rechercher des vers et lombrics dans la terre humide.

L’installation se fait le plus souvent en colonies lâches, chaque couple défendant un territoire en périphérie du nid. Sur les sites de reproduction, les Barges à queue noire sont susceptibles de cohabiter avec de nombreux limicoles (Vanneau huppé, Chevalier gambette, Courlis cendré…).

L. l. limosa peut s’installer dès début mars jusqu’à la fin du mois de mai, tandis que L. l. islandica connait une arrivée plus tardive de début mai jusqu’à juin.

Les couples nicheurs peuvent être distingués par des attitudes caractéristiques : parades nuptiales, cris d’alarme…

Comportant le plus souvent quatre œufs, la ponte est déposée au sol entre avril et mai. Une cuvette remplie d’herbe sèche fait office de nid. L’incubation, relayée par les deux partenaires, dure environ 22 à 24 jour après la ponte. Ils participent également activement et avec vigilance à l’élevage des poussins nidifuges. 30 à 35 jours après l’éclosion, ces derniers sont aptes à voler. Les Barges à queue noire deviennent matures à partir de l’âge de deux ans.

Menaces

Lors de sa reproduction, la Barge à queue noire est très sensible aux pratiques agricoles intensives, notamment aux fauches trop précoce. Les nids peuvent être détruits lors du passage des engins agricoles, de même que les poussins.

Le reste du temps, l’assèchement des milieux humides (en faveur d’aménagements anthropiques ou pour la mise en place de cultures) peut conduire à une diminution significative de zones propices d’alimentation, limitant de fait les ressources disponibles pour passer la mauvaise saison ou se reproduire.

La Barge à queue noire adulte est peu sensible à la prédation. En revanche, ses œufs et ses poussins sont plus touchés par un cortège de prédateurs aussi bien terrestres (renards, mustélidés…) que volants (corneilles, pies, divers rapaces ou laridés…). L’effet de la prédation est parfois lié à l’aménagement paysager alentour mais peut aussi être accentué par des pratiques agricoles intensives.

Statut juridique

Des mesures et actions existent et concernent la conservation et la gestion du milieu, notamment avec la directive 2009/147/EC qui s’applique au territoire européen des pays de l’Union Européenne. Elle prévoit de maintenir la population de Barges à queue noire à un niveau qui correspond aux exigences écologiques, scientifiques et culturelles de l’UE avec trois types d’outils :

  • La création d’espaces protégés.
  • La gestion des habitats en accord avec les exigences écologiques de cette espèce.
  • La restauration de biotopes détruits et la création de biotopes.

En France, la Barge à queue noire fait l’objet d’un moratoire de sa chasse depuis 2008.
L’annexe III de la Convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel prévoit également de maintenir ou adapter la population de Barges à queue noire à un niveau qui correspond aux exigences écologiques, scientifiques et culturelles.