Les Pays de la Loire accueillent historiquement la majorité des couples nicheurs français (plus de 90%). En complément des actions de marquage des oiseaux nicheurs, il est important d’améliorer la gestion de leurs habitats, existants ou potentiels, de recenser annuellement leur nombre et leur répartition et de disposer de données complémentaires sur leurs déplacements.
Le programme en cours est composée de plusieurs actions relatives aux nicheurs. La description qui suit concerne les actions menées en 2017.
Action 1 : suivi des nicheurs
a. Échanges entre les personnels des trois grandes zones occupées par l’espèce en Pays de la Loire
Une réunion de préparation de la saison a été organisée en mars 2017 en Brière, associant bénévoles, stagiaires, volontaires en service civique et chargés de mission du Parc Naturel Régional de Brière, du groupe Guifettes de Loire-Atlantique, du Parc Naturel Régional du Marais poitevin, de la LPO sud Vendée, de la LPO France et de la Communauté de Communes Océan Marais de Monts. Cette réunion a permis de dresser le bilan de l’année 2016 pour chacun des trois sites et de discuter des projets 2017 : poursuite des travaux sur la caractérisation des habitats en Brière, nouvelles méthodes d’évaluation de la population nicheuse en Marais breton sur la base des éléments de CMR (capture-marquage-recapture), étude sur la caractérisation des habitats en Marais poitevin. D’autres échanges ont eu lieu au cours de l’année (échanges de références bibliographiques, de données de lectures de bagues, d’informations sur la nidification au cours de la saison, création d’un référentiel photographique sur l’âge des poussins…).
b. Suivi des nicheurs en Marais breton
Un étudiant de Master 1 a réalisé un stage d’avril à juin sur le suivi des oiseaux bagués et l’évaluation de la population nicheuse. Une journée collective de comptage a été réalisée le 29 avril 2017 pour couvrir l’ensemble de la zone principale de nidification.Avec les méthodes de comptage habituelles (comptage collectif et compléments réalisés pendant les 15 jours autour de ce comptage), la population est estimée à 92-115 couples pour 2017. Une nouvelle méthode d’estimation a été testée, sur la base du nombre d’oiseaux bagués depuis 2012 et de la proportion d’oiseaux portant des bagues dans les groupes observés, prenant en compte les taux de survie et l’hétérogénéité spatiale des actions de baguage et de la pression d’observation. Cette nouvelle méthode montre que la population nicheuse du Marais breton pourrait être bien plus importante qu’il n’y paraît (115 à 275 couples). Un chercheur néerlandais a été accueilli fin mars, en vue d’une collaboration qui pourrait s’engager dès 2018.
c. Suivi des nicheurs en Marais poitevin
En Marais poitevin, les équipes de permanents et de bénévoles de la LPO Vendée et de la LPO France, en partenariat avec le Parc Naturel Régional du Marais poitevin (Observatoire du Patrimoine Naturel), ont mis en œuvre le suivi des populations sur les principaux sites. Une journée de comptage simultané, organisée le 28 avril, a permis d’évaluer la population à une trentaine de couples, soit 50 % de plus qu’en 2016. Un étudiant de Master 2, Fabien Fernandez, a réalisé un stage de mars à août sur la caractérisation des habitats (cf. action 2-1).
d. Suivi des nicheurs en Brière
Une étudiante, Alice Petit, a également été recrutée par le PNR de Brière pour effectuer les suivis et poursuivre le travail de caractérisation des habitats (cette mission ne concerne pas le dossier FEDER / Région).
e. Suivi des oiseaux bagués en saisons prénuptiale et post-nuptiale
Comme en 2016, la recherche des oiseaux bagués a débuté à la mi-février dans le nord Vendée (Marais breton et baie de Bourgneuf) et dans le sud Vendée (Marais poitevin et baie de l’Aiguillon). Des sorties ont été réalisées toutes les semaines jusqu’à la fin mars et par la suite de début juillet à la fin août.
A partir de la mi-avril, une nouvelle base de données interactive a été mise en ligne sur le site bargeaqueuenoire.org. Elle donne la possibilité aux observateurs d’accéder directement à l’histoire de vie des oiseaux français. Elle est incrémentée depuis début 2018 de toutes les données des oiseaux migrateurs bagués en France très prochainement. Elle est accessible sur : https://www.bargeaqueuenoire.org/bqn-base2017/
Les premiers oiseaux du programme ont été observés au retour de la migration le 28 février 2017 dans le territoire du Marais breton (commune de Notre-Dame-de-Monts), et les derniers oiseaux ont été observés le 24 juillet, sur la lagune de Bouin. La plupart des observations ont été réalisées entre la mi-mars et la mi-juin.
Le nombre de contrôles a augmenté les dernières années, grâce au nombre plus important d’adultes marqués (qui ont un meilleur taux de survie que les poussins), au nombre de plus en plus important d’oiseaux de retour sur les sites de reproduction (les premières années de leur vie, les poussins restent généralement dans leur zone d’hivernage), à la mise en ligne de la base de données participative, qui incite les observateurs à transmettre leurs observations.
f. Valorisation des études et des suivis
Création du site internet dédié au programme
Le travail de création du site (architecture, rédaction des textes, recherche des illustrations), engagé en 2016, a permis d’ouvrir le site http://www.bargeaqueuenoire.org début février 2017. Cette ouverture a fait l’objet d’une diffusion auprès d’un large public, des scientifiques aux naturalistes de terrain en passant par le grand public : mailings aux observateurs d’oiseaux bagués, aux participants à l’observatoire des nicheurs rares et menacés en France, aux partenaires institutionnels (FDC, DREAL Pays de la Loire…), aux correspondants étrangers qui travaillent sur l’espèce (Portugal, Espagne, Pays Bas, Allemagne…), diffusion dans la lettre hebdomadaire au réseau national LPO (lettre interne au réseau), information dans la lettre électronique mensuelle aux adhérents de la LPO Vendée, publication dans le numéro 126 de l’Oiseau Magazine (revue grand public de la LPO France), publication sur le Facebook de la LPO Vendée, communiqué de presse.
Le site internet a été amélioré et enrichi depuis son ouverture, et a fait l’objet de 17 nouvelles actualités, destinées à la fois à un public averti et au grand public (voir https://www.bargeaqueuenoire.org/actualites-barge-a-queue-noire/).
Autres actions de valorisation
Les actions du projet Barge à queue noire ont été valorisées dans diverses publications ou lors de manifestations :
- Présentation des actions de suivi des oiseaux nicheurs et bagués en Marais breton lors du Comité de Pilotage du Plan National de Gestion (24/01/17).
- Présentation du programme de suivi lors de l’Assemblée Générale de la LPO Vendée (01/04/17).
- Parution d’informations dans les rapports d’activités 2016 de la LPO France et de la LPO Vendée.
- Publications sur la page facebook de la LPO Vendée,
- Parution d’un nouvel article sur la répartition des sous-espèces en migration dans le numéro 24-1 de la revue Ornithos (https://www.bargeaqueuenoire.org/wp-content/uploads/2016/11/Robin-et-al-2017-Ornithos-24-1-pp-12-16.pdf).
- Publication d’informations sur le programme sur le blog de l’International Wader Study Group – http://www.waderstudygroup.org/news/buying-meadows-for-black-tailed-godwit-conservation-in-france/).
- Parution de plusieurs articles sur le site internet du Plan National de Gestion (voir http://www.plan-bqn.fr).
Un article sur l’évaluation de la population en Marais breton est en cours de préparation pour la revue Journal of Ornithology.
Action 2 : Préconisations et actions pour la gestion d’espaces
a. Etude sur la caractérisation des zones de nidification en Marais poitevin
Un étudiant de Master 2 professionnel, Fabien Fernandez, a participé au suivi des oiseaux bagués, des oiseaux nicheurs et à l’évaluation de la taille de la population, et a ensuite travaillé sur les paramètres environnementaux qui déterminent potentiellement l’installation des couples nicheurs : surface de prairies hygrophiles, distance à l’eau libre, pentes (microtopographie), densité de végétation, type de gestion pastorale, distance aux boisements et arbres, niveau de MAEC, distance aux routes et chemins, distance aux bâtiments, surface des parcelles et distance aux autres limicoles nicheurs.
Les résultats montrent que l’habitat préférentiel est constitué, comme en Marais breton, de prairies humides pâturées extensivement et inondées au printemps. La prédiction des habitats favorables a mis en évidence que les zones favorables étaient localisées au nord du Marais poitevin et dans l’arrière-littoral vendéen. L’étude a cependant mis en évidence que les habitats favorables étaient beaucoup plus fragmentés qu’en Marais breton, par des cultures ou des prairies fauchées non favorables, et proches des routes. La fragmentation et l’isolement des noyaux de population peuvent expliquer l’absence des barges dans certaines zones qui semblent pourtant favorables.
Le rapport complet d’étude est disponible sur https://www.bargeaqueuenoire.org/wp-content/uploads/2016/11/2017_Rapport_BQN_MP_fabien_fernandez.pdf
b. Etudes foncières (Marais breton, Marais poitevin)
Les actions suivantes ont été réalisées :
- Echanges et réunions internes ou avec plusieurs partenaires : SAFER, communes de Notre-Dame-de-Monts, Saint-Urbain, La Barre-de-Monts et Saint-Denis-du-Payré, Conservatoire du Littoral, Biocoop, Sud Vendée Littoral, Terre de Liens Pays de la Loire, Gens du Marais et d’Ailleurs, Collectif Court-Circuit, INRA, Parc Naturel Régional du Marais poitevin, EMPM… Ces réunions étaient nécessaires pour avancer sur des projets d’achats de prés en Marais breton et en Marais poitevin, ou de les valoriser, que ce soit par la LPO Vendée ou d’autres structures ;
- Examen de 31 notifications transmises par la SAFER, pour des parcelles situées dans les zones de nidification de l’espèce (aucune n’a donné lieu à une demande de préemption) ;
- 4 ventes se sont concrétisées en Marais breton dans les zones de nidification et de stationnement prénuptial de la Barge à queue noire :
- à Beauvoir-sur-Mer, en décembre 2016, pour 1,35 ha,
- à La Barre-de-Monts, en mai 2017, pour 4,43 ha,
- à Saint-Urbain et La Barre-de-Monts, pour 81,50 ha. Situé dans une zone extrêmement intéressante pour les oiseaux d’eau, en limite de l’aire actuelle de répartition des barges à queue noire nicheuses du Marais breton, le site présente un fort potentiel pour l’expansion de la population.
- à La Barre-de-Monts, en décembre 2017, pour 0,96 ha.
- Signature de baux ruraux à clauses environnementales (inondation printanière des prairies et pâturage extensif) des parcelles acquises avec les éleveurs concernés, et accompagnement de l’ensemble des éleveurs fermiers de la LPO.
Le travail de veille foncière financé par le projet Barge à queue noire a permis d’acheter plus de 95 ha de prairies humides en 2016 et 2017. Un communiqué de presse a également été rédigé en avril 2017 pour faire le point sur les propriétés LPO et leur usage en Marais breton.
Action 4 : valorisation du projet
Organisation de sorties à destination du grand public
Quatre sorties ont été organisées en 2017 sur le sujet de la Barge à queue noire, le samedi 11 mars et le jeudi 13 avril sur les Communaux de Lairoux et des Magnils Reigniers, le samedi 20 mai autour des terrains LPO de La Barre-de-Monts et le samedi 9 septembre sur l’un des reposoirs de marée haute de la baie de Bourgneuf. 75 personnes ont été sensibilisées à ces occasions.
Actions mises en œuvre : 1.2, 1.3, 1.4, 2.2, 4, 5.1, 5.2, 9.
Financements : Région Pays de la Loire (40 %), FEDER (40 %), LPO Vendée (20 %).
Coût total du projet : 28 279,00 € pour 2017 ; 96 795,00 € au total.
Merci à Perrine Dulac (LPO85) pour sa rédaction du descriptif de l’action, issue du rapport d’activités transmis à la Région Pays de la Loire.